C’est notre voyage dans le temps, troisième épisode d’une série qui nous transporte en 1950 avec les archives de l’époque, décryptées par Hélène Legrais. Là on parle ballon ovale.
Les deux rugbys, en 1950 comme aujourd’hui, déchaînent les passions en Pays catalan. Et on débute par le XIII …
L’année commence par une bonne surprise : le 15 janvier, le XIII de France, rapide et virevoltant, bat l’équipe de l’Empire britannique 8 à 3 devant 30 000 personnes au stade vélodrome de Marseille. Mais c’est une victoire à la Pyrrhus : en effet le jeu rude, sec, violent même, des Britanniques, laisse des traces. Non seulement McMaster a frappé l’arbitre, M. Guidicelli, dans le dos, ce qui ne restera pas impuni, mais Paul Déjean, le capitaine du XIII Catalan et de l’équipe de France, qui évoluait comme ¾ centre et a signé un magnifique drop des 30m, a été touché en première mi-temps. Il a courageusement fini le match mais sa blessure s’avère plus grave qu’on le pensait et il doit être hospitalisé plusieurs jours à Avignon. Il sera indisponible plusieurs semaines mais tient à rassurer les supporters à son retour à Perpignan en donnant le coup d’envoi du match opposant ses coéquipiers avec Guisset à sa place à l’ouverture, face au Toulouse Olympique.
Et pour le XV, l’USAP semble avoir le vent en poupe en ce début d’année.
Jusqu’à ce fameux match contre le Racing Club de France en quarts de finale du championnat de France à Grenoble et les crampons qu’ils vont laisser sur la pelouse du stade Lesdiguières en même temps que leurs rêves de Bouclier de Brennus. Mais avant le match, et alors que tous les espoirs sont permis, le point qui passionne les supporters c’est le duel qui va opposer ce jour-là le colliourenc Francis Desclaux, international et ¾ centre du Racing, à ses « frères » catalans. Il s’agit bien d’une histoire de famille puisque c’est son oncle, Jep Desclaux qui entraîne l’USAP. Mais pas question pour Francis de lui faire des cadeaux et, à son retour de Lyon où il venait de marquer tous les points de la victoire de son équipe, il prévient dans la presse : « Je ferai tout pour battre l’USAP » en assurant que son oncle, celui-là même qui lui a mis son premier ballon de rugby dans les mains, ne lui pardonnerait pas de ne pas faire le maximum. Et il interpelle en particulier le Dr Teulière, le demi d’ouverture perpignanais : « celui-là vous pouvez le prévenir : nous le connaissons trop bien pour qu’il nous échappe, il n’aura qu’à bien se tenir ! » Réponse du tac au tac de l’intéressé, toujours par presse interposée : « Que Francis Desclaux se rassure, je serai fidèle au rendez-vous de Grenoble » … dommage que les crampons usapistes ne l’aient pas été, eux, le beau duel va tourné court !
Et sinon ?
Cadeau du Nouvel An à Perpignan, la « Vénus sans collier » qu’Aristide Maillol a léguée à la ville. Il faudra déplacer la pompe de la Loge pour pouvoir ériger la statue à sa place. Le pont du Boulou a cent ans. On pose les nouvelles piles du pont suspendu de Rivesaltes sur l’Agly ; l’ancien a été emporté par l’Aiguat de 1940. Sa Majesté Mata Peix, roi du 41e carnaval de Perpignan. Perpignan qui renoue ensuite avec la tradition de la procession de la Sanch en cette année 1950. Pour la première fois depuis 1777, celle-ci est autorisée à quitter le périmètre de la seule église St Jacques pour défiler dans le centre-ville, de la place du Puig à la cathédrale. Elle a lieu le Jeudi-Saint, ce n’est qu’ultérieurement qu’elle sera décalée au Vendredi.
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