L’arbitre Ben O’Keeffe a été pointé du doigt par Antoine Dupont ou Fabien Galthié à l’issue de la partie, dimanche soir. Ceux-ci ont en particulier fustigé ses décisions sur les zones de regroupements.
D’ordinaire plutôt lisse devant la presse, Antoine Dupont a, pour une fois, eu la rancœur tenace. « Je pense que certaines choses claires et évidentes à siffler ne l’ont pas été », a soufflé le capitaine en conférence de presse, peu après l’élimination cruelle des Bleus contre l’Afrique du Sud (28-29), dimanche 15 octobre en quarts de finale de Coupe du monde. « Je n’ai pas envie de faire l’aigri […], mais je ne suis pas certain que l’arbitrage ait été à la hauteur de l’enjeu », a poursuivi le capitaine tricolore avant de prendre son auditoire à témoin : « Et vous, vous en avez pensé quoi avec votre regard extérieur ? »
C’était « sa » compétition, et le Gersois avait tout fait pour disputer ce quart – et quel retour ! – 24 jours après sa fracture maxillo-zygomatique. Sa frustration une heure après le coup de sifflet final est, en ce sens, entendable. « Pour l’avoir arbitré plusieurs fois, il a des qualités humaines inégalables, c’est le ‘plus plus » du respect' », lance Laurent Cardona, ancien arbitre de Top 14. Mais que reprochent concrètement Antoine Dupont et certains de ses comparses au corps arbitral, incarné sur le pré par le Néo-Zélandais Ben O’Keeffe ?
Il y a d’abord la face visible de l’iceberg. Cet en-avant d’Eben Etzebeth devant son en-but par exemple, pour enrayer délibérément un essai tout fait (6e) juste après le premier, planté par Cyril Baille. L’homme en noir a jugé qu’il s’agissait d’un en-arrière et s’est passé d’un recours à la vidéo. « Cela aurait mérité au minimum un carton jaune », estime Cardona. Un essai de pénalité aurait aussi pu s’entendre. « On doit prendre 12 ou 14 points d’avance et quelques minutes après, on est à 7-7 », illustrait le sélectionneur Fabien Galthié.
« L’arbitrage a été défaillant dans la cohérence et dans l’appréciation de certaines situations, systématiquement en défaveur de l’équipe de France »
Laurent Cardona, ancien arbitre de Top 14à franceinfo: sport
Il y a encore cette montée supersonique de l’ailier Cheslin Kolbe pour contrer une transformation de Thomas Ramos (22e). Il est difficile de discerner au ralenti si le Springbok part avant que Thomas Ramos n’enclenche sa course, mais ladite image n’a été diffusée qu’après la rencontre. Le seul plan disponible en direct ne montre pas d’où l’ex-Toulousain part, et l’arbitrage vidéo n’a pas averti Ben O’Keeffe, pas plus que sur les quelques raffuts le coude en avant de Jesse Kriel.
« Le TMO et les arbitres autour ont le temps de revoir les images comme nous et ont le droit de prendre part à l’arbitrage », a relevé à ce propos Fabien Galthié. Cette limitation répond à une consigne de World Rugby, soucieux de ne pas hacher le rythme avec des appels intempestifs à la vidéo. Celle-ci est intervenue une fois, pour sanctionner Etzebeth d’un carton jaune confirmé par le « bunker » pour un coup de tête sur Uini Atonio (40e). La circonstance atténuante retenue – le géant deuxième ligne se baisse – est entendable.
Mais à vrai dire, ces cas isolés n’ont pas déclenché les ires des Bleus, plus prompts à pointer du doigt les comportements sud-africains dans les zones de regroupement (aussi appelées « rucks »). Les Bleus ont regretté une constante globale sur le match davantage que des faits de jeu à l’instant T. « Quand ils s’accumulent, ils sont notoires », notait Galthié.
Quelques minutes plus tard, sa rancœur était illustrée par le talonneur Peato Mauvaka : « Ils entraient sur les côtés ou ne sortaient pas du plaquage… On aurait pensé avoir plusieurs pénalités pour nous, ça n’a pas été le cas ». Dans ces rucks, World Rugby ordonne aux joueurs « d’immédiatement se replier en arrière » afin de faciliter la libération du ballon. « C’est une zone très difficile à arbitrer, mais les Sud-Africains y ont souvent dépassé la limite », indique Cardona.
« Quand on a une avancée de 60 mètres et qu’on ralentit dans les rucks, c’est quand même assez facile à siffler », poursuivait Antoine Dupont. En début de seconde période, les Bleus ont longtemps campé dans les 40 mètres adverses, sans obtenir de pénalité qui aurait pu permettre à Thomas Ramos d’élargir un écart étriqué. Sur la partie, les Sud-Africains ont été pénalisés à six reprises. C’est très peu, mais c’est autant que les Français, et cela témoigne surtout du caractère très laxiste de Ben O’Keeffe, soucieux de faire vivre le ballon autant que faire se peut.
« Je ne vais pas dire que c’était intentionnel, je ne vois surtout pas Ben O’Keeffe comme quelqu’un de malhonnête. Mais son incapacité à gérer le match a privé l’équipe de France d’une demi-finale. »
Laurent Cardona, responsable discipline à Soyaux-Angoulêmeà franceinfo: sport
Cette doctrine est pourtant aux antipodes des habitudes du Néo-Zélandais, réputé pointilleux dans les rucks, comme lors du match contre l’Uruguay (15 pénalités en tout contre les Français). Sa désignation cinq jours avant la partie a permis aux Bleus de se préparer en ayant ces habitudes en tête. Ils ne s’attendaient pas à un tel revirement.
Dans sa communication, l’arbitre préférait dimanche se montrer pédagogue en ordonnant aux défenseurs sud-africains de sortir des zones de ruck ou de relâcher le joueur plaqué une fois au sol. Les échanges entre O’Keeffe et Dupont, relevés en seconde période, témoignaient d’une divergence de point de vue sur ces points. « C’est long, on ne peut pas jouer des ballons rapides », pestait le demi de mêlée après la pause. Réponse de l’officiel – en français : « Je comprends ce que tu veux dire, je regarde ».
Si elles n’ont pas engendré de pénalité, ces sorties de balle ralenties ont, par définition, empêché de mettre en place le jeu dynamique des Bleus – quand bien même ils manquaient de gaz sur la fin. Celui-là même, fait de passes après contacts, qui les avait mis dans l’avancée dans le premier acte. « Si le ballon sort plus vite et qu’il est disponible, on finit l’action différemment », regrettait Galthié à propos de la dernière offensive française, une fois le temps imparti écoulé.
« Les Sud-Africians ont tenté, ont vu que l’arbitre ne les y prendrait pas, poursuit Laurent Cardona. Et comme tous joueurs intelligents, ils ont continué à s’adapter, à ralentir les sorties de balle en faisant à peine semblant de sortir, pour donner la capacité à la défense de se replacer en gagnant du temps. »
En ce sens, cette frustration française est compréhensible, même si tous leurs maux du soir ne peuvent être imputables à M.O’Keeffe, parfaitement étranger aux lacunes françaises sur les jeux au pied hauts ou sur les soutiens offensifs tardifs. « L’erreur est humaine malheureusement, ce n’est pas l’arbitrage qui a fait perdre le match », concluait le centre Jonathan Danty. Au moins l’épisode permet-il de tordre une bonne fois pour toutes le cou aux prétendues valeurs, selon lesquelles le rugby serait imperméable aux critiques arbitrales.
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