Stéphane Beaud est professeur de sociologie à Sciences Po Lille. Depuis 2011, il travaille notamment sur le football.
La dernière Coupe du monde au rugby a été émaillée de décisions arbitrales fort litigieuses et de discussions sans fin sur ce sujet. En premier lieu, lors du quart de finale France – Afrique du Sud arbitré par le Néo-Zélandais Ben O’Keffe et ses adjoints. Rappel des faits : lors de ce match au sommet, il y a eu deux fautes très grossières…
Stéphane Beaud est professeur de sociologie à Sciences Po Lille. Depuis 2011, il travaille notamment sur le football.
La dernière Coupe du monde au rugby a été émaillée de décisions arbitrales fort litigieuses et de discussions sans fin sur ce sujet. En premier lieu, lors du quart de finale France – Afrique du Sud arbitré par le Néo-Zélandais Ben O’Keffe et ses adjoints. Rappel des faits : lors de ce match au sommet, il y a eu deux fautes très grossières de la part des Sud-Africains. Un en-avant volontaire du deuxième ligne Eben Etzebeth et une transformation contrée – fait rarissime – de Thomas Ramos par l’ailier Chelsin Kolbe.
Autant on peut comprendre une erreur de jugement de l’arbitre de champ, autant il apparaît proprement inconcevable ou incompréhensible que le visionnage par la vidéo des arbitres en cabine n’ait pas permis de corriger les deux erreurs initiales de M. O’Keefe qui est, lui, dans le feu de l’action. Alors qu’un trait majeur de l’idéologie de ce sport est que l’arbitrage y est sacré, Antoine Dupont, capitaine de l’équipe de France, n’a pas pu se retenir en conférence de pesse ; « Je n’ai pas envie de faire l’aigri qui râle sur l’arbitrage mais […] certaines choses claires et évidentes à siffler ne l’ont pas été ».
Lors des jours qui ont suivi, la contestation de l’arbitrage en France n’a cessé d’enfler, l’arbitre néo-zélandais a même été victime de cyber-harcèlement. Il a alors fallu que le président de la FFR Florian Grill siffle la fin de la récré en mettant fin à cette polémique « inutile » : primo, on ne doit pas toucher à l’arbitrage au rugby et secundo, si l’équipe de France a perdu, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.
Pourquoi, dans les compétitions internationales, la récurrence de ces décisions arbitrales « contre » la France ?
Permettons, dans cette chronique, d’exprimer ici un désaccord par rapport à cette ligne d’analyse. La question qui importe est la suivante : pourquoi, dans les compétitions internationales, la récurrence de ces décisions arbitrales « contre » la France ?
On peut avancer deux hypothèses qui mériteraient d’être validées par des enquêtes de terrain. La première renvoie aux rapports de force dans les instances internationales de rugby dans lesquels il y a de fortes chances que la question – particulièrement compliquée – de l’arbitrage dans ce sport soit prise.
Carole Gomez, chercheuse en relations internationales, rappelle avec justesse que le poids de la France au sein des instances internationales du rugby est beaucoup plus faible que par le passé lorsque Bernard Lapasset était président de World Rugby (2008-2016). « On assiste à une perte d’influence de la France et l’organisation de cette Coupe du monde a masqué, ces dernières années, cette tendance. […] La France n’a plus aucun siège au comité exécutif de World Rugby et, dans les différentes commissions, qui sont stratégiques, notamment sur les règles du jeu, il n’y a plus que cinq Français, soit autant que pour l’Italie, contre 22 pour l’Angleterre, 10 pour l’Australie ou 8 pour le Canada » («L’Humanité » du 23 octobre).
La deuxième hypothèse renvoie à la socio-histoire de ce sport, éminemment britannique. Elle est développée dans un mail privé (que l’auteur nous autorise à diffuser) par Alain Garrigou, politiste et universitaire : « La carte des vainqueurs [de la Coupe du monde] est celle du réseau Échelon. Au prix de trucages avérés. Comme la France est le seul pays non anglo-saxon, c’est à son détriment. Il suffit de regarder la structure du pouvoir dans World Rugby. Cela ne se fait pas complètement consciemment mais par le subconscient. Et par l’arbitre car en rugby, l’arbitrage est presque impossible et fait des arbitres les maîtres du jeu […] Travail du subconscient, sorte de subconscient impérial dans un sport qui n’est pas universel, et qui garde une sorte de substrat des origines universitaires british. Mais [dire ceci] c’est politiquement incorrect ».
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