C’était la fois de trop. « Castres avait perdu un match à la maison que j’arbitrais. Le lendemain, je mets une photo en souriant sur Instagram, et là, un supporteur m’affiche sur une page du CO en écrivant : « Ne vous inquiétez pas, Cardona va bien après nous avoir enc… hier. » Son sang ne fait qu’un tour. « Je ne réponds que rarement, on va dire une fois sur cinquante. Mais lui, je me le suis fait. Je lui ai fait comprendre qu’il avait dépassé les limites et il avait retiré la photo. Ce sont des lions derrière leur téléphone mais, quand tu…
C’était la fois de trop. « Castres avait perdu un match à la maison que j’arbitrais. Le lendemain, je mets une photo en souriant sur Instagram, et là, un supporteur m’affiche sur une page du CO en écrivant : « Ne vous inquiétez pas, Cardona va bien après nous avoir enc… hier. » Son sang ne fait qu’un tour. « Je ne réponds que rarement, on va dire une fois sur cinquante. Mais lui, je me le suis fait. Je lui ai fait comprendre qu’il avait dépassé les limites et il avait retiré la photo. Ce sont des lions derrière leur téléphone mais, quand tu les croises dans la rue, ce sont des petits agneaux. »
À l’image de l’ex-arbitre de Top 14 Laurent Cardona, rares sont les acteurs du rugby français à avoir échappé à des épisodes de cyberharcèlement au cours de leur carrière. Comme en témoigne la vague d’insultes subie par le trois-quarts centre de Colomiers Johan Deysel, capitaine de la Namibie, à la suite de la blessure causée à son homologue tricolore Antoine Dupont, ce jeudi 21 septembre.
« En 2015, pour la Coupe du monde, j’étais en balance avec François Trinh-Duc, raconte l’entraîneur rochelais et ancien ouvreur international Rémi Talès. J’avais reçu des messages vraiment pas très cool sur Twitter. Ce sont dix cons, mais tu te dis que tu n’es pas légitime, que tu as volé ta place. Ça te fait douter et ça peut impacter tes performances sur le terrain. »
« Porter plainte le lundi ? »
Pour tenter de mettre fin à ce fléau, World Rugby a ainsi annoncé, pendant la Coupe du monde 2023, un partenariat avec la société Signify Group. Concrètement, ce dispositif permet « une surveillance en temps réel sur les plateformes cibles » ; « un signalement quotidien des contenus abusifs, leur retrait rapide et la sanction des détenteurs de comptes » ; « la fourniture de preuves aux fédérations nationales pour bannir les individus » ; ainsi que « le signalement des cas les plus graves aux services répressifs compétents » (1).
« On m’a dit qu’on allait brûler ma voiture, qu’on allait m’étrangler… Il faut arriver à prendre du recul, il n’y a pas beaucoup de solutions »
Le panel d’actions paraît étendu sur le papier. Pour quelles applications dans les faits ? « C’est très rare que le profil disparaisse après insultes, pense Laurent Cardona, très actif sur les réseaux sociaux. Porter plainte le lundi matin pour dénoncer un message sur Facebook ? Il y a 98 % de chances que ça n’atterrisse nulle part et que ça fasse chier l’officier de police, ce que je comprends. Moi, on m’a dit : ‘‘On va t’étrangler, on va brûler ta voiture…’’ Il faut arriver à prendre du recul, il n’y a pas beaucoup de solutions. Mais je n’ai pas l’impression qu’il y ait une prise de conscience de la part des instances. Quand tu dis que tu te fais insulter sur les réseaux, on te répond que tu n’as qu’à pas y être. » (2)
Provale a décidé d’agir
Une situation inacceptable pour le syndicat de joueurs Provale. Face à cette « problématique croissante, qui va de pair avec l’évolution de notre société », son directeur général Mathieu Giudicelli a choisi de prendre les choses en main. « Nous sommes en train de développer un projet en ce sens, explique l’ancien pilier montois et biarrot, frère du Bayonnais Vincent. Le joueur pourra nous contacter via un onglet sur notre site internet, en laissant les captures d’écran et ses coordonnées. Nous pourrons ensuite déposer plainte – avec l’accord du joueur – en nous constituant partie civile. » Un processus en cours de développement qui devrait voir le jour « après la Coupe du monde ». Et un outil bienvenu pour protéger le joueur et son environnement.
« Il n’est plus possible de faire le barbot derrière un profil et d’avoir ce sentiment d’impunité »
« Ce n’est pas tabou mais c’est un sujet assez personnel, sur lequel on n’échange pas beaucoup au sein des clubs, estime Rémi Talès. Je dis aux jeunes d’en profiter tant que ça marche, mais il faut les prévenir que le jour où ils seront un peu moins bien, ils le prendront dans la gueule. Le conseil que je donnerais, pendant les grandes compétitions, c’est de se sortir des réseaux. Et surtout, de prévenir la famille et l’entourage, qui peuvent être vachement impactés. » Car le choc peut être « violent, on n’est pas préparé à tout ça, reconnaît Laurent Cardona. Ce sont nos forces de caractère qui font la différence. Soit tu es costaud, soit tu ne l’es pas. »
Pour Provale, la peur doit changer de camp. « Ces comportements s’expliquent aussi par la démocratisation des paris sportifs, juge Mathieu Giudicelli. Quand je lis certains trucs, ça me fait même mal au cœur. Il n’est plus possible de faire le barbot derrière un profil et d’avoir ce sentiment d’impunité. » Bonne nouvelle, les choses semblent être en train de bouger.
(1) Interrogé ce mercredi, World Rugby ne s’est pas exprimé sur le sujet.
(2) Contactée, la LNR n’a pas répondu à nos sollicitations.
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