Entretien avec Amélie Oudéa-Castéra : « J’ai confiance dans l’esprit de responsabilité à la fédération française de rugby

Venue à Bordeaux pour lancer mercredi soir les Jeux européens du sport d’entreprise, Amélie Oudéa-Castéra a également clôturé ce même jour, à la CCI de Bordeaux, une journée d’échanges, avec les acteurs de l’économie, à l’initiative du comité organisateur de la Coupe du monde de rugby 2023, en partenariat avec Challenges et Sud Ouest.

À cette dernière occasion, elle a rendu hommage à Bernard Laporte et Claude Atcher pour avoir décroché l’organisation de cette épreuve et salué la volonté exprimée des acteurs de la crise de la fédération française de rugby (FFR) de tourner la page et de ne pas bloquer le fonctionnement d’un comité directeur où le président nouvellement élu, Florian Grill, n’a pas la majorité. Elle est revenue pour « Sud Ouest » sur ce sujet, sur la gouvernance des fédérations sportives et la place du sport dans la société et spécialement dans la création d’emplois.

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Vous êtes confiante dans le futur bon fonctionnement de la FFR. Allez-vous être attentive à ce que les promesses de ce jour se concrétisent ?

Oui bien sûr, je le serai. À la fois au sein du conseil d’administration du GIP 2023, organisateur de la Coupe du monde, et à travers le rôle de tutelle du ministère, dont celui de veiller à la qualité du fonctionnement démocratique de ses instances. Mais j’ai fondamentalement confiance. Je trouve qu’après des épisodes difficiles, chacun a fait preuve de responsabilité. Les statuts ont joué, la vie démocratique a été la plus forte et, au global, c’est une fédération résiliente, qui a trouvé son chemin institutionnel. Il faut à présent que cette situation d’une liste du nouveau président, minoritaire au comité directeur, n’empêche pas la capacité à avancer le plus unis possibles.

Je retiens que, dans la mandature précédente, les élus dits d’opposition, autour de Florian Grill, avaient pu voter 80 % des résolutions proposées au sein du comité directeur. Plus que jamais, je pense que ce sentiment de responsabilité et d’union sacrée autour de la Coupe du monde et du XV de France prévaudra.

Vous avez rendu hommage il y a quelques minutes à Bernard Laporte et Claude Atcher. Cela veut-il dire que les affaires sont derrière aujourd’hui ?

Non, il faut avoir du discernement. Tant Bernard Laporte que Claude Atcher ont été à l’origine de la conquête par la France de cette Coupe du monde, personne ne le conteste et c’est important de le rappeler. Il reste qu’ensuite, un certain nombre de dysfonctionnements qui se sont produits sous le mandat de Bernard Laporte, dont il aura à répondre en appel. Claude Atcher a apporté des choses positives et, à un moment, sur le plan managérial, ses pratiques n’étaient plus admissibles.

« L’arsenal réglementaire qui encadre la gouvernance des fédérations a progressé, mais il reste du chemin »

La ministre des Sports a défendu son action pour faire de la France, « nation de sportifs, une grande nation sportive ».
La ministre des Sports a défendu son action pour faire de la France, « nation de sportifs, une grande nation sportive ».

Laurent Theillet/Sud Ouest

Face à l’accumulation des affaires dans les fédérations (football, rugby, tennis, judo…), estimez-vous que l’arsenal réglementaire qui encadre la gouvernance de ces instances est suffisant, ou doit-il être complété ?

Cet arsenal a progressé, mais il reste du chemin. À mon arrivée, il y avait une confusion des rôles et des responsabilités, je pense qu’on a tout clarifié. Le deuxième élément de progrès est la loi de mars 2022, qui a instauré la parité dans les instances dirigeantes, qui devra être mise en place à l’horizon 2024 au plan national, 2028 dans les ligues régionales. Elle porte des améliorations comme le vote des clubs pour les assemblées générales électives, à partir de 2024. Elle améliore aussi la prévention des conflits d’intérêts, ouvre les instances aux sportifs, entraîneurs, arbitres.

Pour autant, les crises récentes ont montré la nécessité de renforcer les contre-pouvoirs au sein des fédérations, le dialogue démocratique et les comités d’éthique. Ce sont des éléments qui figurent dans ma lettre de mission du Comité pour l’Éthique et la vie démocratique, présidée par Marie-Georges Buffet et Stéphane Diagana. Le Comité est chargé de me faire des propositions, au lendemain de la Coupe du monde de rugby, pour améliorer la gouvernance du sport français.

Les fédérations ont eu l’habitude de grandir sur deux jambes : le développement de la pratique et le haut niveau. Il faut désormais qu’elles s’appuient sur un trépied en ajoutant leur responsabilité sur la protection des pratiquants face aux violences, la lutte contre toutes les discriminations, pour l’inclusion des personnes en situation de handicap.

Un collectif de dirigeants de la fédération française de judo vous a saisi par lettre d’accusations de conflits d’intérêts, de cas de violences. Comment les prenez-vous en compte ?

Les services juridiques sont saisis. Sur le premier point, nous ferons un certain nombre de recommandations à la fédération et à son président. Sur le cas de violences à caractère physique ou psychologique, des procédures d’enquêtes sont en cours. Sur ce sujet, j’ai demandé des renforcements de mes équipes départementales. J’ai obtenu vingt effectifs supplémentaires l’an passé, je vais en demander près de trente cette année, pour muscler nos capacités d’enquête. Il faut coupler cela à une amélioration de notre arsenal législatif pour mieux prévenir les violences, notamment contre les mineurs. Nous y travaillons activement avec Charlotte Cauble, secrétaire d’État chargée de l’Enfance, et Eric Dupont-Moretti, ministre de la justice.

« Avec le Grenelle de l’emploi sportif, nous avons fait plus que dans les dix dernières années en faveur de l’emploi et de l’insertion par le sport »

Des enseignants, chercheurs, élus, dirigeants sportifs, craignent que cette année de grands événements sportifs ne serve pas assez de levier pour utiliser à fond le sport comme outil d’éducation, de santé, d’insertion et de développement économique. Ils parlent de saupoudrage, qu’en pensez-vous ?

Nous avons la volonté, selon les termes du président de la République, de faire de la France, nation de sportifs, une grande nation sportive. Au contraire, nous avons renforcé nos plans d’action pour la promotion du sport féminin, des personnes handicapées, en entreprise, et pour travailler sur la vitalité du bénévolat et de l’emploi sportif. C’est pourquoi le 5 juin, j’ai organisé le Grenelle des métiers de l’emploi sportif, pour que cette volonté d’action et de développement soit accompagnée du bon niveau de ressources. Avec une meilleure reconnaissance du bénévolat, avec l’ambition de créer 100 000 emplois dans le sport d’ici la fin de 2024. De multiplier par cinq le nombre de bénéficiaires des actions d’insertion par le sport. Nous sommes tournés aussi vers la transformation écologique, l’éradication de toutes les violences.

Pour l’emploi, nous avons confirmé le dispositif des emplois Sesame qui bénéficie à 3 000 jeunes chaque année, les 6 000 emplois aidés dans le cadre de l’Agence nationale du Sport, environ 5 000 emplois du service civique dans le sport, plus toutes les aides à l’apprentissage, qui a fait fois six depuis le premier quinquennat dans le sport.

Nous travaillons aussi à la simplification du maquis de mille formations aux métiers du sport, dans lesquels les jeunes ne se retrouvent pas, pour en simplifier l’accès.

Nous avons fait avec ce Grenelle plus que dans les dix dernières années en faveur de l’emploi sportif et de l’insertion par le sport, cela a été dit d’ailleurs par les partenaires sociaux qui y ont participé.

Je veux compléter par deux éléments novateurs. D’abord, la multiplication des opérations « Du stade vers l’emploi », des grandes entreprises de recrutement dans des stades, avec les entreprises partenaires. En se disant que le sport permet de révéler des tempéraments, des façons d’être, de faire, un esprit d’équipe. Et nous avons lancé « Les clubs sportifs engagés », nous en aurons 1 000 en 2023, 10 000 en 2024, qui permettront de dire à nos clubs qu’ils sont de fantastiques carrefours entre des personnes qui ont des opportunités à proposer, stages, relectures de CV, emplois d’été, et une jeunesse qui va dans ces clubs et a besoin qu’on lui tende la main. Ce réseau, pour moi, c’est absolument révolutionnaire.

« Le remaniement ministériel ? Mon agenda est dense, je n’ai pas de place pour gamberger sur quoi que ce soit d’autre »

Le remaniement ministériel ? « Pas le temps de gamberger » sur ce sujet
Le remaniement ministériel ? « Pas le temps de gamberger » sur ce sujet

Laurent Theillet/Sud Ouest

Pour les Jeux de Tokyo, les clubs de foot français ont été les plus réticents à libérer des joueurs pour les JO, ce qui n’est pas obligatoire. Que ferez-vous pour changer leur attitude en 2024 ?

Je suis confiante. Je les sensibiliserai mais je note surtout que le président nouvellement élu de la FFF, Philippe Diallo, a eu samedi dernier, dès son élection un message très clair et engageant en direction des clubs pour que cet effort soit fait. J’étais très heureuse qu’il porte cette parole-là, je l’en remercie.

Mais il n’a pas le pouvoir de contraindre les clubs ?

Mais il a de l’influence, et l’outil du dialogue. Rappelons que Vincent Labrune, président de la Ligue de football professionnel, est membre du Comité exécutif de la FFF, il a très bien travaillé avec M. Diallo ces derniers mois. J’ai confiance, la déclaration de M. Diallo est de très bon augure.

Un remaniement du gouvernement est dans l’air. Votre téléphone chauffe-t-il ?

(Petit silence et sourire). Je suis totalement rivée sur mon job. J’ai un agenda dense, il faut que l’on réussisse la Coupe du monde de rugby, les Jeux olympiques et paralympiques, que l’on fasse de la France une nation sportive. Cela ne me laisse pas de place pour gamberger sur quoi que ce soit d’autre.

Cet agenda dense n’est-il pas pour vous une garantie ?

Vous savez, avec le président de la République, la meilleure garantie est d’être tout entier à sa tâche et faire son travail le mieux possible.

Ce post a été choisi par toute l’équipe unar.fr en ligne parce que ce dernier figurait dans les interfaces d’un blog consacré au thème « Arbitres de Rugby ». unar.fr est une plateforme d’information qui compile de multiples journaux publiés sur le net dont la thématique principale est « Arbitres de Rugby ». Ce post est rendu de la façon la plus complète qui soit. Si vous souhaitez apporter quelques explications concernant le sujet « Arbitres de Rugby », vous êtes libre de discuter avec notre rédaction. Sous peu, on lancera d’autres renseignements pertinents autour du sujet « Arbitres de Rugby ». Cela dit, visitez de façon régulière notre site.