ENTRETIEN. Bertrand Escaich, scénariste de la BD Les Rugbymen : « Les valeurs du rugby, ce n’est pas une légende »

, ENTRETIEN. Bertrand Escaich, scénariste de la BD Les Rugbymen : « Les valeurs du rugby, ce n’est pas une légende »

l’essentiel Bertrand Escaich, coauteur de la bande dessinée Les Rugbymen, continue de faire vivre son univers avec la sortie du 21e tome. À l’approche de la Coupe du monde 2023, pour laquelle il s’est vu proposer un poste de consultant, le scénariste ariégeois de BeKa revient sur une aventure « à part ».

Vous commencez à travailler sur les Rugbymen en 2004. Quel était votre rapport au rugby avant de débuter l’aventure ?

Contrairement à la plupart de mes copains, je n’y ai pas joué. Je ne pouvais pas faire ça et écrire ou lire en même temps. Mais ici (en Ariège N.D.L.R.), tu ne peux pas échapper au rugby. Ça faisait partie de mon décor d’enfance. L’un de mes plus vieux souvenirs, c’est d’ailleurs l’image en couleurs, dans un bar, d’un match du pays de Galles. Quant à Caroline (avec qui Betrand Escaich forme BeKa), elle a un peu baigné là-dedans, car son père avait joué. 

Comment vous avait-on proposé le projet ?

C’était au festival d’Angoulême. Les éditions Bamboo avaient un petit stand à ce moment-là, et l’éditeur voulait développer des BD avec des thèmes très identifiables. Le rugby est très vite arrivé dans la conversation. Avec Poupard (le dessinateur N.D.L.R.), ce n’était pas trop notre truc à la base. Mais je l’avais vu dessiner un rugbyman lors d’une séance de dédicaces. C’était très réussi. J’ai donc dit à l’éditeur que j’étais partant, mais avec Poupard. On a fait un essai, qui est devenu la page 10 du premier tome.

Comment bien retranscrire cet univers du rugby lorsque l’on ne le connaît pas de l’intérieur ?

Il a fallu rester universel, tout en s’adressant à ceux qui connaissent bien le rugby et voulaient y retrouver leurs codes. Le deuxième défi, c’était de trouver un univers qui puisse durer pour plusieurs tomes. On a donc créé ce petit village fan de rugby, Paillar. Je suis allé voir des amis comme Gérald Éstèbe, Hugues Capdeville, mais surtout Didier Sanchez, qui nous a vraiment donné toutes les clés du cœur du rugby. Il m’a ouvert en grand les portes pour qu’on rencontre des figures de clubs locaux et des anciens joueurs internationaux, comme Jean-Pierre Garuet ou Jean-Pierre Rives. 

« On m’a proposé d’être consultant pour la Coupe du monde en France ! Mais ce n’est pas ma place, je ne vais pas usurper le talent de quelqu’un d’autre. »

On vous suit…

Tous m’ont aidé à comprendre l’âme et les coulisses de ce sport. En fin de compte, les rugbymen forment un peu une communauté, à la manière des motards. Didier Sanchez nous a aidés à affiner les personnages, à aller au bout de la caricature, parce que parfois, on avait des doutes. Puis, il fallait faire attention à ne pas tomber dans la vulgarité. On a toujours essayé de rester bienveillants. Les valeurs du rugby, ce n’est pas une légende.

Aujourd’hui, vous estimez-vous davantage connaisseur ?

Pour l’anecdote, on m’a proposé d’être consultant pour la Coupe du monde en France ! (rires) Mais ce n’est pas ma place, je ne vais pas usurper le talent de quelqu’un d’autre.

Avez-vous un petit préféré parmi tous ces personnages ?

Je les aime tous bien. À leur façon, ils sont représentatifs d’une facette de la psyché humaine. Ils forment un tout et c’est aussi ça le propos du rugby, un sport où l’on a besoin d’aptitudes complémentaires. Tous vont avoir, à un moment donné, un rôle important.

Y a-t-il eu des inspirations ?

Poupard m’a dit qu’il s’était inspiré de Fabien Pelous (ancien capitaine du XV de France N.D.L.R.), qui est d’ailleurs Ariégeois, pour le personnage de l’Anesthétiste.

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Comment trouvez-vous la réception de l’œuvre depuis le premier tome ?

On a d’excellents retours. D’ailleurs, beaucoup de gens nous racontent des anecdotes ou des clins d’œil qui deviennent finalement des gags ! Et il y a des moments un petit peu marquants. Un jour, un jeune garçon un peu potelé est venu en dédicaces. La larme à l’œil, il m’a dit : « Merci, car tu as fait de gros des héros. » Ça m’a beaucoup touché. À Brive, la femme d’un joueur était aussi venue, pendant un match du CAB, au salon du livre de la ville, afin de dédicacer une BD pour son compagnon qui jouait à ce moment-là. C’était marrant.

Les tomes se vendent-ils toujours aussi bien ?

Ça continue de vraiment bien marcher. On est quasiment à trois millions et demi d’albums vendus. Étonnamment, ça se vend aussi beaucoup dans les départements et régions du nord, comme la Bretagne.

Quelle place occupe cette série au sein de votre œuvre ?

C’est à part. Ça a représenté une chance inouïe, car ça a été un succès immédiat qui nous a ouvert beaucoup de portes. Mais avec le recul, je le vois surtout comme un cadeau à des personnes que j’aime énormément, et qui aiment le rugby. J’ai fait plaisir à ces gens.

Le tome 21 vient de sortir. Pouvez-vous nous le présenter ?

Il y a une petite histoire courte avec Sébastien Chabal et les coqs mascottes de l’équipe de France qui disparaissent en pleine nuit. Dans chaque album de Coupe du monde, j’essaie d’avoir une petite touche sur la compétition. Mais la BD doit rester intemporelle. 

Une collaboration avec le patron de l’arbitrage

En 2010, un ouvrage indépendant basé sur l’univers des Rugbymen sortait en librairies. Coécrit avec l’ex-arbitre international Joël Jutge, qui fut également patron de l’arbitrage aux niveaux national, européen et mondial, Le Rugby et ses règles constitue une bonne porte d’entrée vers un sport à l’histoire riche et aux règlements complexes. 

L’un des papas de la série, Bertrand Escaich, conserve un excellent souvenir de sa collaboration avec l’ancien homme au sifflet. « C’était un travail complexe. Une question en amenait une autre. Mais c’était vraiment un vrai plaisir, une belle expérience. Joël est super disponible et généreux. Il a été très présent. »

Leurs phases de réflexion et d’écriture sont, par ailleurs, jonchées d’anecdotes. « Un jour, j’avais fait une remarque sur une situation très particulière qui peut arriver sur le terrain. Et Joël m’avait dit : ‘Écoute, c’est intéressant ce que tu dis. J’en parlerai à l’IRB (l’International Rugby Board, ancien nom de l’instance internationale du rugby à XV)’. »

Pour les scénaristes, vulgariser les règles du rugby était une tâche ardue. Finalement, même les arbitres en herbe utilisent le livre. « J’avais rencontré des jeunes qui se servaient de ce livre pour passer le diplôme d’arbitre », assure l’auteur ariégeois.

À sa sortie, l’ouvrage se voulait en avance sur son temps : « Le premier livre était un peu une exclusivité, car il anticipait les règles qui allaient passer lors des deux prochaines années. Joël était le chef de l’arbitrage, donc on avait eu les nouveautés en avance. »

Tous les deux ans environ, BeKa et Joël Jutge reprennent contact pour la réédition du livre illustré. Pour l’instant, aucun des collaborateurs n’a donné le coup de sifflet final.

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