Vous admettez que les règles du rugby puissent être obscures pour les non-initiés ?
François Trillo. Bien sûr ! Elles sont très compliquées à comprendre et elles le sont d’autant plus qu’elles évoluent tout le temps. Le débat fait partie intégrante de ce sport. Le fait que le ballon soit ovale, ça crée des surprises. Mais surtout, avec la professionnalisation, il faut s’adapter sans arrêt. Les joueurs sont plus costauds, les défenses sont devenues totalement hermétiques. Donc il a fallu trouver des solutions pour les étirer. C’est pour cette raison notamment qu’ont été mis en place les 3S.
Les 3S ?
Safety (sécurité), speed (vitesse), space (espace). Le rugby est un sport de combat, de force, où on récompense l’équipe offensive. Donc pour la Coupe du monde, il a fallu poser un cadre clair. Ces trois fondamentaux permettent de préserver la santé des joueurs en punissant le jeu déloyal (safety). Ils permettent aussi de ne jamais laisser le rythme du jeu faiblir (speed) et de laisser aux joueurs la place nécessaire pour l’action (space).
Dans le rugby, l’arbitre est tout puissant, il a toujours raison
François Trillo
Qui est le garant de ces règles ?
L’arbitre. Dans le rugby, il est tout puissant, il a toujours raison, il n’y a aucune contestation possible de la part des joueurs. Et ils n’essaient même pas. C’est lui qui donne une direction au jeu. S’il est trop pointilleux, il peut gâcher le match. On s’entretient toujours avec lui avant le coup d’envoi pour savoir ce qu’il va privilégier et adapter le commentaire. Pour l’anecdote, en Nouvelle-Zélande, la troisième personnalité la plus détestée après Ben Laden et Sadam Hussein, est un arbitre de rugby.
Il n’y a pas de match amical au rugby, on ne peut pas tricher
François Trillo
On a le sentiment que c’est la première fois que les Français se passionnent en si grand nombre pour ce sport. Comment l’expliquez-vous ?
C’est lié à plusieurs facteurs. Déjà, c’est un sport télégénique, très impressionnant, qui mêle la lutte, l’équilibre et le génie technique. Il n’y a pas de match amical au rugby, on ne peut pas tricher. Et puis, il y a les valeurs que ça défend : l’esprit d’équipe, le mélange des profils, et une certaine humilité. Les joueurs voyagent avec les supporters, en train ou sur des compagnies low cost. Ce n’est pas feint, ils ont vraiment les pieds sur terre. C’est ce qui fait aussi que certaines personnalités se détachent, comme Antoine Dupont.
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