Qu’elle semble loin cette époque où, depuis les hauteurs de Pau, la rue du XIV juillet voyait déferler les supporters de la Section en direction…
Qu’elle semble loin cette époque où, depuis les hauteurs de Pau, la rue du XIV juillet voyait déferler les supporters de la Section en direction de la Croix-du-Prince. Bondée, elle a accueilli paraît-il jusqu’à 14000 spectateurs. Il faut dire qu’en ce temps-là, les services de la préfecture étaient moins regardants sur les issues de secours…
Depuis les années 90, les immenses clameurs se sont tues. Au fil des décennies, tandis que des immeubles s’élevaient à proximité, « le temple » du rugby palois a perdu ses deux tribunes en bois et une partie de ses pesages en ciment. Un crève-cœur.
Système D et ingéniosité
En 2025, c’est un monument en péril que visitent encore une poignée de nostalgiques ou d’anciens de la maison sectionniste. Derrière les poteaux, les vieux gradins à ciel ouvert sont encore là et, à y regarder de plus près, la Croix n’est pas à terre. Elle vit encore et, au-delà de sa spécificité ovale, elle accueille des écoliers de Léon-Say et de Jurançon.
Si son cœur continue de battre, c’est grâce à la fibre bénévole d’anciens de la Section ou d’un concierge hors-pair. Tous sont « fanas » de ce stade chargé d’histoire et font ce qu’ils peuvent pour le sauver. Conjuguant système D et ingéniosité, ils permettent aux jeunes de continuer à s’entraîner et jouer sur un rectangle vert considéré comme « mythique », c’est l’adjectif qui revient le plus souvent », dans la grande famille sectionniste.
Alors que Jean-Claude Fravalo et Daniel Jouanet (dit Mickey) ont mis à profit leur retraite pour repeindre les anciens vestiaires utilisés pour les levers de rideau, Eric Dandonneau a redoublé d’inspiration pour récupérer et recycler équipements et matériel tombés en désuétude au Hameau ou au Palais de sports.
Les cabines de Rey, Aucagne et Mannix
Les anciennes cabines de Joël Rey, David Aucagne et Simon Mannix (le staff de la remontée en Top 14) servent désormais pour les contrôles antidopage et jouxtent le local aménagé pour les arbitres et juges de touche après avoir érigé une cloison dans les douches. Avec le concours de la Ville qui a réimplanté bancs et portes-manteaux, ce bloc vestiaires a pu être remis en service et permet d’accueillir correctement quatre équipes le même après-midi pour enchaîner deux matches.
L’an prochain, les jeunes de l’association Section Paloise vont intégrer le centre d’entraînement des pros à Ousse-des-Bois. On pourrait craindre un virage sonnant définitivement le glas de la Croix-du-Prince. Mais à en croire les présidents des anciens, de l’asso ou de l’omnisports, pas question de laisser tomber « le temple » qui devrait continuer à recevoir des matches. Le maire et actuel Premier ministre n’a d’ailleurs jamais feint son attachement à une enceinte qu’il souhaite rénover. Quand et comment restent les deux grandes questions…
Le stade Albert-Cazenave
Pour l’heure, le temps fait son œuvre et ronge les vestiges d’un monument historique du rugby français longtemps craint et respecté. Demandez aux Biterrois de la grande époque s’ils ont gagné souvent à Pau… Tant qu’il y aura des bénévoles comme Eric, Jean-Claude et Mickey, pour veiller aux premiers soins, la vieille dame entretiendra la mémoire d’un club plus que centenaire. C’est ici qu’il a commencé à forger ses trois Boucliers de Brennus.
Cas rarissime dans le rugby français, un certain Albert Cazenave a été titré respectivement comme joueur en 1928, entraîneur en 1946 et président en 1964. Si on a rebaptisé le stade en son nom, plus grand monde ne s’en souvient. Il est resté dans le cœur des gens, et leur mémoire, la Croix-du-Prince.
Quand le foot s’invitait à la Croix-du-Prince
La Croix-du-Prince a également été le théâtre de grands événements de football. La palme revient au jubilé de Jean-Michel Larqué, organisé le 1er mars 1978 devant près de 10 000 spectateurs. Citons également ce 16e de finale aller de Coupe de France en mars 1985. Face à Nancy (0-1), qui évoluait alors dans l’élite, le FC Pau présidé par Pierre Clède y avait attiré près de 9000 spectateurs.
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