Ce n’est un secret pour personne, l’arbitrage a été au coeur des débats lors de la Coupe du monde de rugby. Surtout depuis la prestation très contestée du Néo-Zélandais Ben O’Keeffe lors du quart de finale entre la France et l’Afrique du Sud (28-29). Depuis cette rencontre, chaque décision a été scrutée, analysée, décortiquée pour tenter de trouver une preuve incriminante contre le corps arbitral.
« L’enjeu a pris le pas sur le jeu. Ce qui est dommage, c’est que toutes les phases finales ont été articulées autour du rôle d’une personne mais ce n’est pas ça le rugby, confie l’ancien arbitre international Romain Poite dans le podcast RMC Entre les potos. Ce sont 30 acteurs accompagnés d’une personne, l’arbitre. On était dans l’attente d’une erreur arbitrale ou d’une occasion de vilipender l’arbitrage parce qu’on avait cette frustration du quart de finale. Souvent, le parti pris altère les jugements. Il y a ausi des erreurs et des remises en question du côté arbitral par rapport à des situations et des prises de décisions. La fin de la Coupe du monde a été gâchée par rapport à l’ambiance qu’il y avait autour. »
« La sensibilité terrain se perd petit à petit »
Pour l’ancien arbitre français, trois Coupes du monde au sifflet à son actif, l’apparition du bunker et d’autres outils a entraîné « une perte de sensibilité et de responsabilité dans les décisions ».
« J’ai échangé avec Mathieu Raynal pendant France-Namibie, où il y a un carton rouge qui devait être donné sur (la faute sur) Dupont. C’est facile de mettre un carton rouge là. Le paradoxe, c’est Matthew Carley qui met un carton rouge à l’écran. Tous ces phénomènes ont trahi tout ce qui est management d’une équipe par l’arbitre central, qui assume les responsabilités de toutes les décisions mais qui manage aussi. La sensibilité terrain se perd petit à petit. On le prend comme une part de responsabilité à juste titre. »
Après l’élimination du XV de France face aux futurs champions du monde, Fabien Galthié avait écrit à Ben O’Keeffe. « Il y avait neuf clips que j’ai montés avec Jérôme Garcès et que j’ai envoyés à Joël Jutge (patron des arbitres à World Rugby) et à Ben O’Keeffe et son équipe car on avait besoin d’avoir des réponses sur les décisions prises pendant le match. C’était à peu près le cinquième jour, sachant qu’on n’était plus une urgence pour World Rugby puisqu’ils préparaient les demi-finales. »
Article original publié sur RMC Sport
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