Le rugby français veut être « une référence mondiale ». L’ambition est élevée. René Bouscatel a expliqué comment y parvenir en présentant les contours du plan stratégique pour la période 2023-2027, lundi au siège de la Ligue nationale, dans le VIIe arrondissement de Paris. Le président, dont l’instance prévoit d’injecter huit millions d’euros sur la période, était accompagné de Jean-Marc Lhermet, vice-président de la fédération. Preuve que les deux instances marchent main dans la main.

1 La mise à disposition des internationaux

« Le bilan est positif ». La formule est éculée. Tant pis pour Grégory Alldritt. Présent à la présentation de ce plan stratégique, le troisième…

Le rugby français veut être « une référence mondiale ». L’ambition est élevée. René Bouscatel a expliqué comment y parvenir en présentant les contours du plan stratégique pour la période 2023-2027, lundi au siège de la Ligue nationale, dans le VIIe arrondissement de Paris. Le président, dont l’instance prévoit d’injecter huit millions d’euros sur la période, était accompagné de Jean-Marc Lhermet, vice-président de la fédération. Preuve que les deux instances marchent main dans la main.

1 La mise à disposition des internationaux

« Le bilan est positif ». La formule est éculée. Tant pis pour Grégory Alldritt. Présent à la présentation de ce plan stratégique, le troisième ligne centre international de La Rochelle a été le parfait ambassadeur du message porté par la Ligue et la Fédération. « Ces quatre années du XV de France sont le succès d’une structure qui a été mise en place par Fabien (Galthié) et son staff. C’est une bonne nouvelle de continuer avec le même format. » Depuis 2020, le sélectionneur bénéficie de 42 joueurs pour préparer les rencontres des Bleus. C’est le fruit de la convention signée entre la FFR et la LNR. « Ce cadre ne changera pas jusqu’en 2027 », assure René Bouscatel, président de cette dernière instance.

Certains clubs commencent à tousser au sujet de la mise à disposition des internationaux. « Je ne veux pas parler pour les autres clubs mais à mes yeux, on est au bout, a expliqué récemment Jacky Lorenzetti, propriétaire du Racing 92, dans les colonnes de Midi Olympique. On a prêté gratuitement nos joueurs à l’équipe de France pendant cinq mois et la concession a été énorme. Elle a même un peu chamboulé le championnat. Nous ne pouvons pas aller plus loin. »

Une réunion est prévue en décembre entre toutes les parties afin de dresser un bilan et de prévoir des ajustements. « Il faut continuer à travailler main dans la main », a appuyé Jean-Marc Lhermet, vice-président de la FFR. Les résultats positifs du XV de France depuis quatre ans sont un argument de poids. L’élimination prématurée en quart de finale de la Coupe du monde pourrait nourrir l’argumentaire des présidents de club agacés par le fait de ne pas bénéficier pleinement de leurs joueurs stars.

2 La santé au centre des priorités

Et surtout, la santé ! C’est bientôt la saison de se la souhaiter. La LNR a anticipé le moment en positionnant le sujet comme un axe fort de son plan de développement pour les quatre prochaines années. L’instance découpe son projet sur trois pans : la prévention et le pilotage des risques, l’accompagnement des clubs et la prévention et prise en charge des risques psychosociaux. « On crée de la richesse scientifique, notamment sur les commotions cérébrales, dont le rugby amateur et professionnel profite, a détaillé Sylvain Blanchard, directeur médical et scientifique du Racing 92, également membre de la commission santé de la LNR. Cela bénéficie à tout le monde. »

L’accent a notamment été mis sur l’aspect mental. « Personnellement, c’est une approche qui me tient vraiment à cœur », a déclaré Mathieu Giudicelli, directeur général de Provale, le syndicat des joueurs de rugby qui a créé une cellule psychologique qui a accompagné une centaine de joueurs sur la première année. Victime d’une double hernie lombaire après une mêlée en mars 2018, l’ancien pilier de Biarritz avait lui-même traversé « des moments assez compliqués » après avoir été contraint de mettre brutalement un terme à sa carrière. Il s’est félicité de l’appui « essentiel de la LNR », le syndicat ayant des moyens limités. Deux millions d’euros seront ainsi alloués au secteur médical, pour traiter du sujet comme de celui des addictions, de plus en plus présentes.

Contraint de mettre brutalement un terme à sa carrière en 2018, l’ancien pilier de Biarritz avait lui-même traversé « des moments assez compliqués »

« Aujourd’hui, on n’a plus le temps de se régénérer, a témoigné Grégory Alldritt, qui a pris deux mois et demi de coupure pour se soigner et souffler. Il faut trouver ce temps-là. Le gel du salary cap (10,7 millions d’euros jusqu’en 2027) est une bonne chose, pas pour que l’on touche de meilleurs salaires, mais pour que les effectifs puissent être suffisamment étoffés afin que tous les joueurs aient des périodes de repos nécessaires. »

3 Un arbitrage plus professionnel

Huit millions d’euros alloués par la FFR et la LNR jusqu’en 2027 rien que pour l’arbitrage. Les instances ont décidé de « faire un effort supplémentaire » sur le sujet, selon les mots de Frédéric Calamel, vice-président de la LNR. Selon lui, « l’arbitrage n’était pas à la hauteur de l’investissement des clubs ». La fédération partage le constat. « Jusque-là, les arbitres étaient un peu les laissés-pour-compte de la montée en puissance du professionnalisme », a prolongé Jean-Marc Lhermet.

Le plan prévoit une revalorisation des rémunérations des arbitres et une meilleure communication avec les clubs, via une plateforme d’échanges. « Le travail enclenché nous sécurise, apprécie Tual Trainini, arbitre international et de Top 14. Ce plan va nous permettre de travailler dans le temps, l’excellence et le détail. » Le but est de voir plus d’arbitres français éclore au niveau international. Seul Mathieu Raynal officiait lors de la dernière Coupe du monde.