Il aura 95 ans le mois prochain. Un âge vénérable, démenti par la passion qui brille dans les yeux de Sauveur Mendilahatçou. Le nonagénaire, originaire de Mendionde et habitant à Saint-Pierre-d’Irube, est un grand fan de l’Aviron bayonnais Rugby depuis 70 ans.

« C’est une passion qui a été foudroyante, mais toute naturelle. Ayant grandi dans un territoire où le rugby…

Il aura 95 ans le mois prochain. Un âge vénérable, démenti par la passion qui brille dans les yeux de Sauveur Mendilahatçou. Le nonagénaire, originaire de Mendionde et habitant à Saint-Pierre-d’Irube, est un grand fan de l’Aviron bayonnais Rugby depuis 70 ans.

« C’est une passion qui a été foudroyante, mais toute naturelle. Ayant grandi dans un territoire où le rugby est le sport roi, j’ai toujours baigné dans sa culture. Mais ce n’est qu’à partir de mes 22 ans, lorsque l’un de mes neveux s’y est inscrit, que j’ai vraiment commencé à suivre l’Aviron bayonnais », se souvient Sauveur Mendilahatçou.

Une vie à la dure

Bien que bercé toute son existence par l’amour du rugby, le lekondar n’a pas eu la vie facile. Après avoir arrêté l’école à l’âge de 12 ans, sa mère, veuve, l’a élevé de son mieux avec ses trois frères et sœurs. « J’ai connu l’époque où l’on ne parlait que le basque, et on apprenait le français à l’école auprès de l’instituteur. Au vu de mon manque d’instruction, c’est ma fille Bernadette qui m’a appris à lire et écrire correctement », explique Sauveur Mendilahatçou.

Maçon, il est atteint de la gale du ciment et doit se reconvertir. Il travaille alors à l’hôpital de Bayonne en tant qu’aide-soignant. Un travail qui lui prend souvent les week-ends, mais qui n’empêchera pas le fan de suivre son club de cœur de son mieux.

Ses amis disent de lui qu’il a du sang bleu et blanc dans les veines !

« Le rugby, c’est une histoire de famille chez nous. Mes cinq petits-enfants y ont joué, l’un d’entre eux, Baptiste Chouzenoux, est même joueur professionnel au Racing », déclare avec fierté son grand-père.

Son meilleur souvenir ? « En 1982, je suis monté à Paris pour le Bouclier de Brennus. On a perdu la finale contre Agen, mais les Bayonnais étaient montés en nombre, l’ambiance était électrique, c’était un moment mémorable que je n’ai jamais oublié ». Bien que l’âge l’empêche désormais d’assister aux matchs extérieurs dans les gradins, Sauveur Mendilahatçou demeure un spectateur assidu grâce aux abonnements Canal+ et Rugby + que lui ont offerts sa famille, lui permettant de suivre chaque mouvement de son équipe bien-aimée. Son sourire et son énergie témoignent d’une passion qui ne s’est jamais éteinte, même après 35 ans de retraite.

Un fin connaisseur

« Il est plein d’enthousiasme, mais il a un caractère bien trempé. Avec Sauveur, c’est souvent la faute de l’arbitre », rigole sa femme. « Mais je l’attends toujours quand il rentre du stade le soir, il faut le voir faire son débrief avec passion, je peux voir sur son visage en un coup d’œil si on a gagné ou pas », ajoute-t-elle.

L’homme exprime ses préoccupations quant à l’évolution du rugby. « Au fil des années, j’ai accumulé de l’expérience. Et aujourd’hui je constate avec regret l’influence croissante de l’argent dans le sport, des petits clubs pourtant méritants n’arrivent pas à rivaliser avec de grosses équipes aux énormes moyens financiers. Pour que le rugby préserve ses valeurs, il faudrait par exemple instaurer des quotas de joueurs internationaux dans les clubs, afin de les répartir davantage », plaide-t-il.

Des valeurs qui lui ont toujours plus. « Alors que l’Aviron bayonnais affronte de nouveaux défis, je reste convaincu que l’essence du rugby, faite de passion, de famille et de respect, prévaudra toujours ».