
Le jeune trentenaire est l’une des étoiles montantes de l’arbitrage français. Il tire le bilan de sa première saison en Top 14 et témoigne de sa vocation née dans le Tarn à l’âge de 16 ans.
Quelle importance revêt ce stage de présaison pour vous en tant qu’arbitre ?
J’avais découvert le secteur pro deux ans auparavant avec le Pro D2 mais c’était ma première saison en Top 14 l’année dernière. Depuis que ça a été mis en place, les échanges avec les clubs fonctionnent bien. Certes, il faut parfois recadrer des choses tant du côté des clubs que de celui des arbitres. Comme partout, il faut que ça se mette en place. Mais j’ai trouvé qu’on était très bien accueilli dans les clubs, à travers les échanges avant, pendant et après le match. J’ai eu à presque 100 % des retours. J’ai toujours trouvé ça constructif. Et quand ça ne va pas, on sait se dire les choses et laver le linge sale en famille. C’est une remise en question permanente. Et partant de là, il faut qu’on sache se dire les choses aussi avec les clubs. Les joueurs font des erreurs, les staffs aussi, mais nous arbitres, en faisons également. Le reconnaître crée une relation de confiance. Même si c’est parfois difficile à entendre parce que ça peut faire basculer un match.
Comment vous est venue cette vocation ?
C’est venu assez tôt, à l’âge de 16 ans. du temps où je jouais sur les plateaux minimes. On avait besoin d’un arbitre. Sur les tournois, les Groupama et les SuperChallenge, il fallait arbitrer certaines rencontres que nous ne jouions pas.
Mais votre apprentissage s’est fait nécessairement avec l’aide d’une structure…
De mes 5 ans à mes 17 ans à la JRA Jeunes rugbymen de l’Albigeois. C’était comme ça à l’époque. Pierre Chamayou, ancien président du Sporting Club Albigeois avait passé la main de longue date mais il était très proche de Serge Cabot, qui était un peu le papa du club en fait. Il aidait les joueurs étrangers quand ils arrivaient, les orientait. Et il aidait aussi beaucoup les jeunes, s’occupait vraiment de l’association dont il a été le président pendant des années. Et étant ancien arbitre, il a monté une école d’arbitrage au SCA, qui fut l’une des premières. Ce qui a ouvert l’opportunité aux minimes d’apprendre, après l’entraînement du mercredi, les règles pour mieux les connaître et mieux jouer. On était quatre copains un peu filous, on s’est dit que ça pouvait nous aider (il sourit).
Et quand la bascule s’est-elle vraiment opérée ?
De fil en aiguille, j’ai aimé. Je me suis blessé sur un tournoi et le temps de convalescence m’a servi à arbitrer. Je prenais de plus en plus de plaisir à arbitrer et je me suis dit : « Pourquoi pas ? » Serge m’ayant énormément donné, je me suis mis en tête de donner en retour, en m’impliquant dans l’école d’arbitrage du SCA. Et en transmettant, tu es obligé de te former pour ne pas enseigner des bêtises. On est monté à neuf arbitres au club, positionnés sur toutes les catégories ! C’était une belle construction.
La semaine type d’un arbitre
« Si on prend un match de Top 14, on arbitre le samedi. Le dimanche sert à la route pour rentrer ou à la récupération, et à commencer le « feedback ». Il faut caractériser toutes les décisions, les non-décisions « oubliées ». C’est cinq à six heures de travail. On relève à peu près tout, on justifie nos choix ou on reconnaît nos erreurs pour transmettre ce « feedback », construit avec nos arbitres assistants et notre arbitre vidéo, ainsi que le coach de la cellule haute performance. En 48 heures, ça doit être réglé et envoyé au club. Ensuite, il faut commencer à préparer le match d’après et toute l’organisation autour. Pas besoin de regarder les trois derniers matchs ; les équipes ont des récurrences et il y a tellement d’échanges entre nous… Du reste, le lundi physique, le mardi grosses séances physiques, le mercredi aérobie, soit du fond. »
En ayant commencé aussi tôt, vous avez dû officier dans toutes les catégories possibles ou presque ?
Pas en Quatrième série. Sinon, j’ai arbitré dans toutes les catégories seniors et cadets. Mais ces moments-là, au début, étaient exceptionnels parce que je n’avais pas le permis. Donc ma maman, ou mon grand-père m’amenaient aux matchs. C’était génial, d’excellents souvenirs. Et d’après moi, tu te construis en tant qu’homme par la dureté des choses, le relationnel, la communication, l’exposition… Il faut casser la barrière de la passion. Sans compter qu’arbitrer le rugby, c’est diriger un match mais aussi accompagner parfois.
La pression des joueurs, staffs, dirigeants et spectateurs est-elle, comme on l’imagine, la plus grande difficulté inhérente à la fonction d’arbitre ?
C’est le plus dur, oui. Mais d’un côté, le secteur professionnel nous permet d’être protégés par les oreillettes, la vidéo, deux arbitres assistants confirmés, l’arbitre vidéo et les outils qui aident à prendre la décision. Ce n’est pas facile, c’est très complexe avec le contexte créé par les joueurs, les médias etc. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser aux arbitres dans les plus basses divisions, et chez les jeunes, confrontés à eux-mêmes face à un environnement très passionnel avec les parents, 300 personnes en bord de terrain… Là, la passion déborde et les joueurs susceptibles de calmer les esprits sont moins nombreux que chez les seniors.
A contrario, quels sont les plus beaux moments ?
(il sourit) C’est quand on ne parle pas de toi après le match. Tu sors d’un match où ça a tapé terriblement, ça jouait de partout… Un combat féroce mais on ne parle pas de toi. Ça, c’est la plus grande satisfaction.
Avez-vous un exemple concret en tête ?
Oui, cette année, le Bayonne-Toulouse c’était un match fou. C’était mon troisième match de Top 14 et c’était dingue (12-8, J9). J’ai rarement vu une telle intensité sur l’ensemble de la saison, et même pour les phases finales. Le scénario fou, avec l’essai de Bayonne dans les derniers instants, le combat féroce dans tous les secteurs, des plaquages assénés au millimètre… C’était d’une extrême violence. C’est un bonheur même si sur le coup tu ne t’en rends pas compte quand tu es dedans.
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