« Hé, l’esclave, on va te remettre ton boulet au pied », ou encore, « Retourne dans ton champ de coton » : voilà ce que disait avoir entendu Jean-Michel Cormary, lors d’un match de Fédérale 1 (5^e division), en septembre 2023, entre Mauléon-Licharre (64) et Saint-Médard-en-Jalles (33). Il accompagnait son fils, joueur de l’effectif girondin. « Les insultes s’adressaient à nos trois joueurs fidjiens », avait-il confirmé à « Sud Ouest » à l’époque. L’un des joueurs visés a préféré quitter la pelouse. Le co-président de Saint-Médard, Hervé Dubes, avait alors prévenu l’arbitre à la mi-temps. Ce dernier a répondu qu’il n’avait rien entendu.

La direction du club girondin avait alors décidé de ne pas en rester là. Une enquête interne de la Ligue régionale de rugby avait été ouverte. Et après ? « De notre côté, nous avions rempli les formulaires de témoignages en remettant ceux de Jean-Michel Cormary ainsi que des joueurs qui avaient entendu les propos, se souvient le dirigeant, lui-même ancien arbitre de Top 14. Ils ont fait la même chose avec Mauléon puis avec les arbitres. Mais comme ils avaient déjà dit qu’ils n’avaient rien entendu, il n’y a pas eu de suite et j’admets que nous n’avons pas relancé. »

Des joueurs plus écoutés

La semaine suivante, la Fédération française de rugby (FFR) avait tout de même envoyé un courrier à tous les arbitres de France pour rappeler les règles à suivre en cas de propos racistes ou homophobes. Une façon de montrer que le sujet n’était pas pris à la légère, alors que la Coupe du monde battait son plein en France. « Dans le rugby, un protocole existe, il est très bien, il faut juste l’appliquer, assure Hervé Dubes. Il prévoit que l’arbitre doit interrompre la partie, convoquer les présidents pour faire diffuser un message au stade et si ça continue, il doit siffler la fin du match. »

Pourquoi ce règlement n’a-t-il pas été suivi lors du fameux Mauléon – Saint-Médard ? « Dans les faits, c’est toujours plus compliqué, répond le co-président. L’arbitre central peut parfois se trouver assez seul à devoir gérer la situation et décider parce que ses assistants de la touche viennent des clubs voisins… Il faudrait aussi que les joueurs qui se plaignent à l’arbitre de ce genre de propos soient écoutés. Heureusement que ce genre d’incidents restent largement minoritaires et que, dans l’ensemble, tout se passe bien sur et autour de nos terrains. »

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